Histoire & Philosophie de l’ostéopathie

 

Pour bien saisir ce qui différencie l’ostéopathie des autres pratiques (médicale, kinésithérapique…), il est indispensable de la revisiter dans son contexte historique.

L’ostéopathie est née de l’obstination d’un homme : Andrew Taylor STILL. C’est un pionnier de l’Ouest américain dont le père était prêcheur méthodiste et « médecin » (peu de rapport avec nos médecins d’aujourd’hui, les formations d’alors étaient extrêmement succinctes, voire parfois uniquement livresques…).

De ses origines de pionnier proche de la nature, il hérite d’un sens de l’observation hors du commun et d’une croyance indéfectible en la perfection des êtres vivants (pour lui créatures parfaites de Dieu).

Son parcours est parsemé d’épreuves terribles liées à la dure vie dans ces régions hostiles (guerres indiennes, perte de cinq enfants, de sa première femme, guerre de Sécession).

Lorsqu’il perd trois enfants lors d’une épidémie de méningite cérébro-spinale en 1864, Andrew Taylor Still, convaincu de l’inefficacité des drogues d’alors (principalement l’alcool et la quinine, sans parler du calomel…), rejette la médecine de l’époque et devient farouchement déterminé à trouver d’autres moyens de traitement.

Il va alors poser les bases de l’ostéopathie qu’il déclarera officiellement née en 1874. Ces bases reposent sur des principes simples et sur une très grande connaissance de l’anatomie. L’intérêt pour l’époque est que cette méthode nécessitait une grande connaissance mais très peu de moyens.

LES PRINCIPES :

  1. – Tout organisme vivant est une unité structure-fonction. Autrement dit si la structure est respectée la fonction peut s’exprimer. La physiologie pour fonctionner correctement nécessite que l’anatomie soit intègre.
  2. – Les processus corporels comportent des mécanismes autorégulateurs (homéostasie) qui sont, par nature, autoguérisseurs.
  3. –  Le traitement ostéopathique consiste donc à trouver les blocages structurels et à les libérer (au moyen de techniques variées), afin de permettre aux mécanismes autorégulateurs de pourvoir à la guérison. (Find it, fix it and leave it alone*).

On prête souvent à Andrew Taylor Still cette phrase, en réponse à un étudiant qui demandait quelles étaient les choses les plus importantes en ostéopathie : »Il y a trois choses à connaître parfaitement : la première, c’est l’anatomie, la deuxième, c’est l’anatomie, et la troisième, c’est encore l’anatomie ! ». En effet, pour lui, connaître parfaitement la structure permettait de rétablir la fonction et donc de soulager de nombreux maux. Il s’agissait simplement de remettre les choses telles que le créateur les avait conçues.

Plus récemment (2002), l’AOA (American Osteopathic Association) a précisé sa conception de l’ostéopathie et comment elle agit sur l’être humain:

«-  Une personne est le produit de l’interaction dynamique entre le corps, le mental et l’esprit.

– Une propriété inhérente de cette interaction dynamique est la capacité de l’individu à maintenir la santé et à se guérir de la maladie.

– Beaucoup de forces, internes ou externes, peuvent mettre cette capacité inhérente à l’épreuve et contribuer à l’apparition de la maladie.

– Le système musculo-squelettique influence de manière significative l’aptitude de l’individu à rétablir cette capacité inhérente et, par conséquent, à résister aux processus maladifs. »

De manière plus simple Charlotte Weaver, ostéopathe américaine, contemporaine et élève de Still rapporte une définition citée maintes fois oralement par Still: « Une structure normale, dans un assemblage correct, signifie une fonction normale. L’accent devant plus particulièrement être mis sur les tissus osseux. »

Voilà, Andrew Taylor Still nous a livré une philosophie, des principes, mais très peu de techniques… Cela explique le paysage parfois déroutant pour les patients de l’ostéopathie, où sont utilisées de très nombreuses techniques qui vont du fameux « cracking » avec des manipulations articulaires rapides à une ostéopathie dite crânienne, peu perceptible par le patient (j’y reviendrai dans un autre paragraphe), en passant par un travail sur les viscères, les fascias… Bref, j’entends souvent mes patients dire qu’il y a autant d’ostéopathies que d’ostéopathes… Certes, mais nous sommes tous mus par les principes que je viens de citer.

 

Sources : Les données bibliographiques proviennent de l’ouvrage de Carol Trowbridge : « Naissance de l’ostéopathie » chez Sully.

Les définitions sont tirées de l’ouvrage remarquable de Paul R. LEE : « INTERFACE » chez SULLY.

* Trouvez la lésion, réparez là et laissez faire.

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